Le jour avant le bonheur Erri De Luca
LE JOUR AVANT LE BONHEUR
ERRI DE LUCA
Edition Gallimard
138 pages
" En haut de l'echelle, les pieds dans le vide, ma tête apprenait à puiser la lumière dans les livres. Un fois tous lus, j'en
voulais encore." page 11
Résumé :
Le narrateur, orphelin, abandonné, vit dans le réduit d'un immeuble de Naples, dans les années d'après-guerre.
Le concierge Don Gaetano le prend sous son aile et va l'aider à grandir.
Il va l'initier aux livres, à la sexualité, à l'amour, à la vie tout simplement.
Est ce que Don Gaetano va réussir son rôle de passeur ?
Mon avis :
J'ai beaucoup aimé ce livre qui m'a été conseillé par mon libraire.
J'ai été émue par cette histoire qui est d'avantage un conte initiatique qu'un roman, car Don Gaetano a un don ;
il lit dans les pensées des gens.
Grâce à ce don, le vieil homme va aider le jeune orphelin à devenir un adolescent puis un homme.
J'aime cette idée de transmission, d'adoption ( car ces deux hommes se sont choisis, aimés et adoptés ), l'ancien
transmet et l'enfant reçoit. Pendant leur partie de scopa, Don Gaetano se livre et lui raconte l' Histoire de Naples
pendant la guerre ; il lui apprend la plomberie et l'electricité , il lui donne les bases nécessaires pour qu'il puisse
voler de ses propres ailes.
Le tout, livré dans un écrin poétique et divinement bien écrit.
Un pur moment de poésie.
Extrait :
Le soleil tapait contre les vitres des derniers étages et faisait gicler des ricochets jusqu'à terre. Les vitres de
Naples se passaient le soleil entre elles. Celles qui en avaient plus par leur position le renvoyaient vers le bas à
celles qui en avaient le moins. Elles étaient complices. Les maîtres verriers les montaient exprès un peu de
travers, pour multiplier les surfaces réfléchissantes. En bas, dans la loge, arrivait un carambolage de lumière
qui faisait dix rebonds avant de finir dans le trou où j'étais. Don Gaetano dit que c'est bon signe. Le soleil aime
ceux qui vivent en bas, là où il n'arrive pas. Plus que tous, il aime les aveugles et leur fait une caresse spéciale
sur les yeux. Le soleil n'aime pas les adorateurs qui se mettent à nu sous son abondance et s'en servent pour
colorer leur peau. Lui veut réchauffer ceux qui n'ont pas de manteau, ceux qui claquent des dents dans les ruelles
étroites. Il les appelle dehors, les fait sortir de leurs pièces froides et les frictionne jusqu'à ce qu'ils sourient sous
sa chatouille. " C'est bon signe, il t'aime et t'envoie son salut dans ton réduit. Les vitres sont ses marches
d'escalier, la lumière les descend par amour pour toi. C'est signe que le soleil te protège." page 111 et 112